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Influence de la coupe du monde 2010 sur l’Afrique du Sud :


Influence de la coupe du monde 2010 sur l’Afrique du Sud 

Sommaire : 


1: Introduction 
2 : Apartheid 
2.1: Qu’est ce que l’Apartheid ? 
2.2: Le rôle de Mandela 
3: Désignation, promesses et…déceptions de la coupe du monde 
3.1 : Le verdict 
3.2 : L’espoir du peuple 
3.3 : Perspectives et bilans 
3.3.1 : Coûts et bénéfices 
3.3.2 : Sécurité 
3.3.3 : Emplois 
3.3.4 : Les touristes et le peuple sud-africain 
3.4 : Et la Fifa dans tout ça ? 
3.4.1 : Pression sur la liberté de presse 
3.4.2 : Mensonges 
3.4.3 : Accords 
4 : Durant la compétition 
4.1 : Image donnée 
4.2 : Culture exportée 
5 : L’après mondial 
5.1 : Réveil difficile 
5.2 : Futur incertain 
5.2.1 : Les stades 
5.2.2 : La sécurité 
5.2.3 : Inégalités raciales 
5.2.4 : JO ? 
6 : Interview 
7 : Conclusion 


1 : Introduction 

Cet été a eu lieu l’événement le plus médiatisé de la planète : la coupe de monde de football. Pour vous donner une idée, un milliard de gens ont vu la finale, cela représente un habitant de la planète sur six ! En 2010, et c’est une première, la compétition s’est déroulée en Afrique du Sud. Il s’agit là de la première grande compétition sur le continent africain. Vingt ans après la fin de l’apartheid, pourquoi l’Afrique du Sud a-t-elle été préférée à l’Egypte ou au Maroc ? Et huit mois après la fin de la compétition, quel bilan peut-on dresser sur le plan économique, social et culturel ? Comment la population a-t-elle vécu cet événement ? Les marchands locaux en sont-ils sortis vainqueurs ? Que vont devenir les stades ? Les emplois crées pour l’occasion vont-ils perdurer ? La coupe du monde a-t-elle rassemblé le peuple entier ou les inégalités dues à l’Apartheid restent-elles présentes ? 
Tant de questions auxquelles j’ai voulu répondre en réalisant cet exposé. 

Une bonne humeur de façade ? 

2 : L’apartheid et Mandela 

2.1 : L’apartheid :

 
Pour bien comprendre les inégalités raciales qui sont encore présentes aujourd’hui, il est indispensable de faire un retour en arrière et expliquer brièvement le régime raciste qui a perduré pendant près de 43 ans en Afrique du Sud : l’apartheid. Cela signifie « vivre séparé » en afrikaans. Crée en 1948 par Daniel Malan, premier ministre de l’époque, il a comme idée de classer les hommes par classes. Les noirs, les métis, les indiens et les blancs. Toutes relations entre classes différentes étaient interdites : pas de mariage, ils ne pouvaient pas fréquenter les mêmes parcs, plages, toilettes, bus… 


2.2 : Nelson Mandela : 

 
Après ses études, Nelson Mandela décida de s’opposer à ce régime et fut condamné à la prison à vie. Libéré en 1990, il fut élu président de la nation arc-en-ciel et décida de réconcilier les sud-africains, sans violence, ce qui lui valu le Prix Nobel de la Paix en 1993. Une mission difficile à accomplir, on n’efface pas facilement des stéréotypes vieux de quarante ans. Aujourd’hui, la coupe du monde a eu l’occasion de rassembler tout le peuple derrière son équipe, les Bafana Bafana. Ce rassemblement du peuple va-t-il durer après le mondial? Les derniers murs entre noirs en blancs vont-ils enfin tomber ? 

Daniel Malan

 
3 : Désignation et promesses de la coupe du monde 

3.1 : Le verdict :

 
15 mai 2004, voilà une date qui va rester longtemps dans la tête des africains. En effet, et après plusieurs échecs, l’Afrique va accueillir la coupe du monde en 2010. C’est l’Afrique du Sud qui a été préférée au Maroc et à l’Egypte. La FIFA (Fédération Internationale Football Association) a voulu donner sa confiance, c’est une première, à un pays africain. Il est nécessaire cependant de rappeler que l’Afrique du Sud est la première puissance d’Afrique et est présente au G20, qui rassemble les vingt pays les plus puissants du monde. Ce pays est riche, grâce à l’or et au diamant présent dans son sol. Avec une croissance en hausse, depuis plus de dix ans, ce pays se rapproche plus des pays occidentaux qu’africains. 


3.2 :Espoirs du peuple :

 
La FIFA, en désignant l’Afrique du Sud, savait qu’il y aurait les fonds pour financer des travaux très coûteux. Le peuple, lui, est euphorique. Un événement pareil va les mettre au premier plan. Des travaux pour les routes vont être entrepris ainsi que le développement des transports afin de recevoir les touristes étrangers, ce qui va améliorer le confort de vie du peuple. Du côté des politiques, on jubile. Le président en fonction en 2004, Thabo Mbeki, a annoncé : « L'Afrique est prête. Le temps est venu. L'Afrique vous appelle et vous dit: "Venez en Afrique en 2010" . Le Mondial sera spectaculaire et réussi. Le monde du football gagnera avec l'Afrique, en Afrique ». A Zurich, siège de la FIFA, son président déclare: « justice à un continent qui a tellement donné au football avec ses joueurs ». Tandis que Nelson Mandela, présent en Suisse, ne peut retenir ses larmes à l’annonce du verdict. 


3.3 : Perspectives, promesses et… déceptions de la coupe du monde :


L’euphorie tombée, que peut espérer le peuple sud-africain, où le chômage tourne autour de 25 % et où vingt millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Retour sur de belles promesses, malheureusement, trop vite oubliées ou irréalisables. 


3.3.1 : Coûts et bénéfices :


Lorsque l’Afrique du Sud présenta son projet à la FIFA, elle plancha sur des investissements de près de 250-300 millions d’euros. Au final, ce chiffre tourna autour de trois à six milliards d’euros. Cet argent a notamment permis de construire et rénover cinq stades, ce qui a soulevé de nombreuses critiques, car, pour beaucoup, les stades déjà construits pour la coupe du monde de rugby en 1995, auraient largement suffit. Le prix, pour les seuls stades, s’élève à un milliard d’euros ! Beaucoup de gens critiquent cet argent dépensé en surplus qui aurait pu permettre de construire un toit pour 250 000 personnes ! Le reste de l’argent a servi à construire une ligne TGV, à améliorer les aéroports et à renforcer les effectifs de police pour la sécurité des étrangers. Des investissements qui vont, c’est une certitude, améliorer le niveau de vie des sud-africains. Le gouvernement se justifie en annonçant ces travaux comme des investissements. 


3.3.2 : Sécurité :


C’était une des principales préoccupations de l’avant-mondial. En Afrique du Sud, il y avait cinquante homicides par jour. Il s’agit d’un des pays où il y en a le plus . Un chiffre effrayant qui explique les importants dispositifs mis en place. On a également ouvert des tribunaux, pendant le tournoi, pour juger les affaires courantes le plus rapidement possible. La police a fait un excellent travail. On n’a dénombré qu’un seul touriste blessé durant la compétition ! 


3.3.3 : Emploi :


Autre point essentiel pour la population, le nombre d’emplois créé : avec la désignation de la coupe du monde, on a promis, à un peuple où le chômage est omniprésent, la création d’emplois décents et durables. Mais, malheureusement, ce fut un échec: pendant les quatre années de préparation du mondial, on estime à un million le nombre d’emplois crées, en lien direct ou indirect avec la coupe du monde. Seulement, alors qu’on avait promis que le travail serait réparti entre tous, les cinq plus grandes entreprises du pays ont enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires de 1300%. Ce sont les entrepreneurs et les directeurs de ces sociétés qui ont empoché le pactole, en laissant le minimum aux ouvriers. L’objectif de rapprocher patrons et ouvriers n’a pas été atteint, pire, les inégalités salariales se sont encore accrues. De plus, dès que les travaux ont été finis, les grandes enseignes licencièrent les emplois en surplus. D’après l’Oeuvre Suisse d’Entraide Ouvrière(OESO), aucun emploi durable n’a été créé. En juillet 2010, durant le tournoi, le nombre d’emplois a même diminué de près de 5% par rapport à juillet 2009. Toujours d’après l’OESO, les marchands locaux n’ont même pas profité de l’événement pour augmenter leur chiffre d’affaires. Le gouvernement lui ne confirme pas ces informations et prétend que le travail a été réparti aussi bien que possible. 

Aucun emploi créé, après le mondial 


3.3.4 : Les touristes et le peuple sud-africain :


Autre promesse non tenue pour le peuple sud-africain, la majorité de la vente des billets leur avait été officiellement réservée. Rien ne fut. Seulement 11 300 billets furent vendus à la population locale, soit 77% de moins que promis. Alors que dans le même temps, le nombre d’étrangers attendus, fut au fil des semaines, revu à la baisse. Ceci est dû, notamment, à la distance, à l’insécurité et au coût. Dans des hôtels proches des stades, ils restaient des chambres libres les jours de matchs ! Mais, selon le gouvernement, même si les touristes étaient moins nombreux que prévus, ils ont dépensé plus. Au total, ils ont injecté entre cinq cent millions et un milliard d’euros dans le pays apportant 0.5 point de croissance contre trois attendu au départ. Au final, les premières estimations parlent d’une dette à rembourser de deux milliards d’euros. Alors que la FIFA avait annoncé, au départ, des gains pour le pays organisateur. 


3.4 : Et la FIFA dans tout ça ? 

3.4.1 : Liberté de presse : 


La FIFA, elle, par contre, n’a pas de problème pour rembourser ses dettes. Avec un bénéfice de plus de deux milliards d’euros pour cette coupe du monde, soit 50% de plus qu’en Allemagne, elle enregistre là des bénéfices records. Mais, la manière dont la FIFA s’est fait de l’argent n’est pas très honnête, même si l’association fait tout pour que cela ne sorte pas dans la presse. Et ce n’est pas nouveau. Déjà en Allemagne, les journalistes avaient dû faire pression pour garder leur liberté d’expression. Mais qu’à donc à cacher la FIFA? Le bénéfice dégagé, alors que le pays organisateur a une dette ? Que ce pays, avec cet argent, aurait pu loger des milliers d’habitants ou soigner des malades du sida ? Sur son bénéfice la FIFA se défend en rappelant que avec cet argent elle va aider l’Afrique du Sud pour développer des écoles de football. 


3.4.2 : Mensonges :


En tout cas, les coupes du monde se suivent et se ressemblent dans l’attitude de la FIFA. Lorsque celle-ci avait choisi l’Afrique du Sud, son président, Sepp Blatter avait annoncé que cet événement allait profiter à tous, notamment aux marchands locaux et pourtant…Durant la compétition, autour des stades, ces mêmes marchands n’avaient pas le droit de s’installer car ces espaces étaient réservés aux sponsors de la FIFA. Dans les magasins plus éloignés, la police, sous ordre de la FIFA, vérifiait qu’aucun marchand n’inscrive sur leurs vitrines des slogans tels que « coupe du monde », « mondial ». Pour l’anecdote, même écrire « 2010 » était interdit. Affligeant ! 


3.4.3 : Contrat malhonnête :


Un contrat fût passé entre Sepp Blatter et le gouvernement pour créer une « bulle fiscale » qui comportait de nombreux avantages. Le plus choquant pour le pays organisateur: la FIFA a négocié pour qu’elle et ses partenaires n’aient pas d’impôts à payer sur ses bénéfices. Rendant ainsi tout bénéfice pour la nation arc-en-ciel complètement impossible. 
La FIFA aurait-elle été en Afrique juste pour renflouer ses caisses ? Une hypothèse qui se confirme lorsqu’on voit les pays qui vont organiser la coupe du monde 2018 et 2022: la Russie et le Qatar. Notamment pour ce dernier, où il n’y a aucune culture du football mais où l’argent est roi. C’est malheureux de voir que la FIFA montre à ce point que le football est un sport-business. Ces dernières années, la FIFA a montré son vrai visage : celui de l’argent et pas du foot. 

Blatter et Zuma 

 

4 : Durant la compétition : 


11 juin 2010, c’est parti. Le premier match du mondial vient de commencer entre l’Afrique du Sud et le Mexique. Le pays organisateur a donc démenti les mauvaises langues qui disaient que les travaux ne seraient jamais finis à temps. Mais d’autres interrogations vont vite remplacer les premières. Notamment, sur l’image que va donner l’Afrique au monde. 

4.1 : L’image donnée :


Les touristes sont unanimes, ils ont vu un pays moderne, avec des galeries marchandes, des stades aussi beaux que chers, des logements luxueux et des transports modernes. Même si c’est dans ce dernier domaine que l’Afrique du Sud a péché. En effet, des supporters sont arrivés en retard ou ont raté leurs matchs à cause d’aéroports trop chargés ainsi que d’embouteillages que les transports en commun n’ont pu atténuer. 
En ce qui concerne les gens sans emploi, ainsi que les millions d’habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté, pendant le mondial, ils ont tout simplement été déplacés tandis que leurs bidonvilles furent rasés et brulés. Les prostituées et les mendiants n’ont pas eu un sort meilleur. La FIFA prétend qu’elle n’était pas au courant de ces déplacements. Mais qu’ont fait les représentants de la FIFA qui inspectaient chaque mois l’avancement des travaux ? Ils arrivaient et voyaient des bidonvilles abritant des milliers d’individus, puis un mois plus tard, ces taudis n’existaient plus et avaient été remplacés par des magasins ! Le gouvernement lui nie tout en bloc et assure qu’aucun déplacement de ce genre n’a eu lieu. 


4.2 : Une culture exportée :


Durant le tournoi, l’Afrique du Sud a également exporté sa culture. Qui ne connait pas les désormais vuvuzelas, aussi célèbre que leur niveau sonore ? 
L’Afrique a montré également que noirs et blancs pouvaient se mélanger et partager une même cause, que leur peuple était joyeux et accueillant, qu’il y avait de la joie de vivre et un esprit de partage et d’entraide. Désormais, l’Afrique du Sud a montré qu’elle pouvait organiser un événement majeur. 

Le folklore sud-africain et la fierté d’être africain 

5 : L’après-mondial :

5.1 : Un réveil difficile :

11 juillet 2010, l’Espagne est championne du monde pour la première fois de son histoire, et referme, dans le même temps, la première coupe du monde en Afrique. Le lendemain, la vie allait retrouver son cours, en laissant dans le cœur des africains un sentiment de manque. L’euphorie de la compétition laisse derrière elle beaucoup d’interrogations sur le futur en Afrique du Sud . Tout le monde espère que les efforts réalisés par le gouvernement sud-africain, pour la coupe du monde, soient réitérés, mais cette fois, en faveur des pauvres. Car il est vrai que, pour beaucoup d’africains, il y a de l’incompréhension lorsqu’on dépense des milliards pour des stades alors que des millions de sud-africains vivent dans la rue, sans domicile. Voyons ce qui va peut-être se passer en Afrique du sud, dans les années à venir… 

5.2 : Un futur incertain :

Tout le monde félicite l’Afrique du Sud pour l’organisation de sa coupe du monde. Le président de la FIFA a même décerné, au pays organisateur, un 9/10 pour je cite : « une coupe du monde très réussie ». 


5.2.1 : Stades :


Que va faire l’Afrique du Sud de la dette de plus de deux milliards d’euros, et des stades dont les coûts de maintenance sont faramineux ? On sait que le gouvernement a déjà dit que trois stades ne pourront plus être entretenus car trop coûteux. Il est vrai que certains stades vont accueillir des événements importants, tels que des matchs de rugby, un concert d’U2, etc. Mais est-ce que la nation arc-en-ciel tirera des bénéfices de ces évènements, si on sait que l’entretien des stades dépasse aisément le million d’euros par an ! 


5.2.2 : La sécurité :


Autre point inquiétant : la sécurité. Les sud-africains espèrent que le nombre de policiers restera le même que durant le tournoi, pour pouvoir garantir la sécurité. Car des rumeurs en Afrique du Sud enflent sur la possibilité de violences xénophobes suite à une augmentation du coût de la vie, durant et après le mondial. Directement ces rumeurs provoquèrent des pillages et des agressions dans des magasins appartenant à des étrangers. Ces violences ont provoqué le départ d’une partie de la population. 
 

5.2.3 : Inégalités raciales : 


Durant la coupe du monde, on a vu un peuple uni, fraternel, mais il est malheureusement probable que les inégalités entre noirs en blancs n’aient pas disparues, une fois que la vie de tous les jours va reprendre. Lorsqu’on sait que 40% des noirs sont au chômage contre seulement 6% pour les blancs, il y a de quoi se poser des questions. Nelson Mandela a pourtant souhaité que l’esprit d’unité africaine perdure après le tournoi. 

Le mondial fini…quel avenir pour les sud-africains ? 


5.2.4 : Les JO maintenant ? 


Il y a quand même des points positifs. L’Afrique du sud a montré, à toute la planète qu’elle était capable d’organiser un événement planétaire sans incident. Le président Jacob Zuma souhaite maintenant que son pays organise les jeux olympiques et la CAN (Coupe Africaine des Nations). Deux événements qui, s’ils ont lieu, seront plus rentables que la coupe du monde, car les infrastructures sont déjà présentes. En attendant, tout le monde est d’accord pour dire que l’Afrique du Sud doit continuer sur l’élan du mondial, pour construire des écoles, des maisons, des cliniques,… qui serviront au peuple. Les Africains ont réussi quelque chose dont ils ne se croyaient pas capable. Ils doivent continuer avec cet esprit d’entraide et de partage entre eux. Si l’Afrique du Sud réussit ce pari osé, mais possible, ils auront gagné beaucoup plus qu’un mondial de football. 

Les JO maintenant ? 

6 : Interview :


Vingt Questions à monsieur Onnie KOK : premier secrétaire de son excellence Mr Makatu 

A l’ambassade d’Afrique du Sud, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’interroger M. KOK qui a répondu en toute honnêteté et sincérité. 

1) Avant de parler de la coupe du monde proprement dite, revenons sur la désignation de l’Afrique du Sud. Qu’avez-vous ressenti à cet instant ? Et le peuple ? 
J’étais vraiment très content, c’était une explosion de joie en Afrique du Sud. C’était un moment très fort. Il y a eu des fêtes, les gens descendaient dans les rues pour fêter l’événement. On était vraiment très heureux et fier d’accueillir un événement de cette ampleur, surtout après les échecs précédents. 


2) Selon vous pourquoi l’Afrique du Sud a-t-elle désignée? L’argent a-t-il joué un rôle dans cette désignation ? 
L’Afrique du Sud a été choisie, selon moi, pour sa culture du football puis, c’était au tour de l’Afrique de recevoir un grand événement planétaire, c’était une première. C’est vrai, la FIFA est repartie avec de gros bénéfices mais ils ont tout fait pour que l’organisation du tournoi soit une réussite. Ils méritent donc cet argent, ils ne l’ont pas volé à l’Afrique. 


3) Les travaux ont-ils été distribués de manière égale entre noirs et blancs ? Entre les petites et les grandes entreprises ? 
Oui. L’objectif était de rassembler tout le monde. Que le peuple soit uni. Beaucoup d’entreprises du monde entier ont participé à l’organisation. Toutes les communautés d’Afrique étaient réunies et impliquées. Le gouvernement a fait son maximum. Sur ce point là, tout c’est bien passé. 

4) La FIFA a mis la pression sur le gouvernement car les travaux n’avançaient pas beaucoup, comment Monsieur Zuma a-t-il géré cette période délicate ? 
Il a bien géré cette période délicate. C’était un grand pari, beaucoup de gens se sont posés des questions, il faut savoir que l’Afrique du Sud avait déjà organisé la coupe du monde de rugby. L’expérience était donc là. Puis, le gouvernement était beaucoup impliqué dans les travaux donc il n’était pas inquiet, car ils voyaient en temps réel l’avancement des travaux. Certains stades étaient même terminés plus tôt que prévus. Il est normal qu’il y ait eu de l’inquiétude car on parle d’un événement majeur. Le gouvernement a également bien géré les grèves des travailleurs qui construisaient les stades en leur expliquant que cette compétition était un but national. Qu’ils allaient tous en profiter. 

5) Le chiffre final des travaux est dix fois supérieur aux estimations de départ. 
Comment peut-on expliquer ça ? 
Il y toujours des coûts qui ne sont pas prévus. Même dans une maison ! 

5’) Mais ici, c’est dix fois supérieur ! 
Oui, mais on voulait construire des choses modernes. En plus, les stades construits sont polyvalents, ils pourront servir à accueillir d’autres évènements plus tard. On peut considérer ces coûts comme un investissement. Maintenant, nous avons des stades modernes et grands. C’est un bon investissement pour augmenter les infrastructures en Afrique du Sud. Les coûts sont importants certes, mais on y gagnera dans le futur. 


6) Pourquoi construire de nouveaux stades alors qu’ils y en avaient déjà ? 
C’est peut-être dû à la raison historique du début : le rugby, au départ, était réservé aux blancs et le football aux noirs. Avec la désignation de la coupe du monde, les races se sont mélangées et elles ont pu ensemble construire de nouveaux stades. Ils ont saisi l’opportunité de construire quelque chose de nouveau grâce au mondial. 


7) L’Afrique du Sud est un pays où il y a beaucoup de pauvres. Pensez vous que cela valait la peine de dépenser cet argent pour le sport ou que celui-ci aurait du être donné aux pauvres ? 
Bon, il faut savoir qu’une grande partie du budget annuel est consacré déjà aux pauvres. C’est un système qui ressemble à notre sécurité sociale. Quinze millions de gens profitent, chaque année, de cet argent. Cette coupe du monde était une occasion d’unir un pays, noirs et blancs, riches et pauvres. Je pense que c’est une bonne chose pour l’Afrique du Sud. Il y a eu une dynamique pour reconstruire le pays. Cet investissement est en même temps un développement pour l’Afrique. 


7') A quel niveau ? 
Après le mondial, la FIFA va apporter une aide aux projets éducatifs des jeunes. Certes, le développement global ne sera pas aussi bon qu’espéré ; mais on a trop attendu de la coupe du monde au niveau de l’emploi, du tourisme, des bénéfices. Mais, ce qui important, c’est que les gens aient pu apprendre de nouvelles techniques et qu’ils aient une expérience pour le futur. Des petits commerces se sont créés et pourront, dans le futur, améliorer la vie en Afrique du Sud. 


8) Le nombre de touriste durant le mondial a été nettement inférieur aux chiffres de départ ! Le gouvernement a-t-il tout fait pour redorer le blason de son pays ? 
Il y a eu un bon marketing de la part du gouvernement. A travers toute l’Europe, dans les ambassades, des actions ont été faites pour promouvoir l’image du pays. Il y a eu pas mal d’argent consacré pour la promotion de cette compétition. Dans les discours du président Zuma, il a beaucoup parlé de son pays. Mais on peut toujours faire mieux. Ce qui a surtout empêché les touristes de venir à la coupe du monde, c’est la distance et le coût! Le nombre de touristes reste cependant très bon. Surtout quand on sait que 95% d’entre eux ont dit qu’ils reviendraient certainement. 


9) Durant la compétition, on sait que les Africains n’ont pas beaucoup vu la compétition. 
Qui a pris la décision de réduire les billets qui leur étaient destinés ? 
Je crois que c’est une question de coût. Les gens en Afrique sont pauvres. Ils n’ont pas les moyens de se payer un billet. Pour essayer de gérer ça, la FIFA a vendu des billets à des prix très bas, voire même gratuits. Elle s’est occupée du déplacement du peuple. Elle les a pris en charge. Mais elle ne pouvait pas s’occuper de tous le monde, et il fallait que la FIFA rentre dans ses frais. 

10) La FIFA a nuit aux travailleurs locaux. Le gouvernement était-il au courant de ces magouilles ? 
C’est vrai que si on voulait vendre des articles de la FIFA, il fallait être accrédité. Il y a eu des problèmes avec certains vendeurs mais dans l’ensemble, les gens ont compris que, sans la FIFA, rien n’aurait pu être possible. 


11) Les pauvres ont été délogés des villes qui accueillaient la coupe du monde. Où ont-ils été relogés ? 
Non, il y a eu des déménagements temporaires pour les travaux mais jamais pour les cacher des touristes. Cela ne serait jamais passé au niveau de gouvernement. 


12) Le président Zuma souhaite maintenant l’organisation des Jeux Olympiques ? Ce projet est-il réalisable ? 
C’est le prochain rêve africain. On a déjà essayé en 2004, sans succès. Aujourd’hui, nous avons encore plus de possibilités, grâce aux infrastructures crées pour le mondial. On verra prochainement ce qui va se passer. Si on est désigné, ce serait une grande chose pour l’Afrique. 

13) Que vont devenir les stades trop couteux à entretenir ? 
Je ne sais pas comment le gouvernement va faire. Ces stades sont polyvalents, certains pourraient être utilisés pour d’autres événements ; match de rugby, de football, concerts, même pour des mariages. J’espère que le gouvernement va trouver une solution, cela serait dommage de laisser tomber en ruine ces stades. 


14) Aujourd’hui le football est-il toujours réservé aux noirs et le rugby aux blancs ? 
Non, ça commence doucement à se mélanger. On retrouve dans les équipes nationales des noirs et des blancs. Les supporters également sont mélangés. 


15) Et en dehors des stades, où en sont les inégalités noirs, blancs ? 
Depuis vingt cinq ans et la fin de l’apartheid, beaucoup de progrès ont été faits. Mais ce n’est pas facile et il reste encore beaucoup à faire en Afrique du Sud même si on est sur le bon chemin. Vingt cinq ans, c’est une période longue mais il faut être réaliste, pour éliminer ces dernières inégalités, il faudra encore beaucoup de temps. 

16) Que faut-il pour que les derniers murs tombent ? 
Il faut attendre et continuer sur ce pas. Peut-être que les différences resteront toujours mais il faut relativiser : il y a le côté politique et social. Mais je crois que, grosso modo, dans la vie quotidienne tout va bien. Nous, les sud-africains, sommes un peu comme les zèbres : en noir et blanc. On ne peut pas tuer tous les noirs ou tous les blancs sans tuer la bête. Nous sommes avant tout africains et on ne fait plus attention à la couleur de peau. Il ne faut pas que penser à l’argent mais aussi au sentimental qui s’améliore chaque année. 


17) Autre point totalement différent : la sécurité. Durant le tournoi, un seul touriste a été blessé. Le gouvernement va-t-il continuer ses efforts ? 
On a gagné en expérience. Maintenant, on a une autre image de la police et celle-ci sait mieux gérer les événements importants et la criminalité. Les Africains vont profiter des retombées de cette expérience sur ce problème sociopolitique. Les relations entre le peuple et la police se sont améliorées. Mais je ne peux pas vous dire si le nombre de policier est stable depuis le mondial. 

18) Avant le mondial, il y a eu des rumeurs de violences xénophobes. Y a-t-il encore un risque aujourd’hui ? 
Oui, il y a eu des violences xénophobes avant le mondial. Il y avait beaucoup de crainte avant la compétition. Mais le gouvernement a bien géré cette situation avec la police. 


19) Le mondial a-t-il créé des emplois durables et décents ? 
C’était le but mais il s’agit là d’un événement éphémère. Il y a eu des possibilités mais maintenant c’est fini. On assiste à un retour à la normale. Il faut être réaliste mais je crois que le plus important, c’est les progrès que les gens ont pu faire. Mais ce qui est sûr c’est qu’aucun n’emploi durable n’a été créé. La création d’emplois reste, cependant, la priorité du gouvernement. 


20) L’Afrique du Sud a montré une belle image. Cette image a-t-elle influencé les réservations de touristes ? 
Oui, on a vu une croissance du tourisme. Il y eu également des gens qui reviennent pour venir faire des investissements tels que des usines, des magasins, qui vont favoriser le développement. 
 
7.Conclusion : 

L’Afrique du Sud tire un bilan mi-figue, mi-raisin, plus de six mois après le dernier coup de sifflet de la coupe du monde. Il est vrai que la nation arc-en-ciel a plus que gagné son pari, et le déroulement de la compétition a été une réussite sur toute la ligne. Mais sur le bilan financier, la déception est de mise : l’Afrique du Sud se retrouve avec une dette de deux milliards d’euros à rembourser. La population, elle, est déçue ! Elle n’a pas profité de l’événement pour augmenter son chiffre d’affaires et n’a presque pas vu la compétition. Sur le plan moral, la coupe du monde n’est pas irréprochable : des quartiers pauvres ont été rasés pour ne pas être vu par les touristes, et la liberté de presse n’a pas été respectée par la FIFA, qui, elle, repart avec des bénéfices monstrueux. Sur le plan des emplois et des inégalités entre noirs et blancs, l’influence de la compétition aura, au mieux, été nulle, même s’il y avait un beau sentiment d’unité durant le mondial. 

Pour le futur, il y a un grand point d’interrogation, même si tout le monde espère que la nation arc-en-ciel va poursuivre son exigence en faveur des pauvres. On sait, désormais, que de nombreux stades ne seront plus utilisés, trop couteux à entretenir et que le président souhaite accueillir de nouveau un événement planétaire. Pour son image, l’Afrique du Sud a été impeccable, ce qui laisse supposer que les touristes seront plus nombreux dans les années futures ainsi que les investisseurs. 

Sur le court terme, l’Afrique du Sud est perdante, mais pour le futur, tout laisse à croire que la nation arc-en-ciel en ressortira plus forte. 

 

Article du blogueur Julien888



24/03/2011
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